Sur le même principe que le repas de Noël, en entreprise certains services organisent ce qu’il est convenu d’appeler « le pot de Noël ».
Par « pot de Noël » il faut comprendre privatiser une salle de réunion et y inviter tout le service autour de mauvais alcools, de soda bons marchés et de petit four suspects.
Le grand chef aura bien entendu pris soin de laisser à sa secrétaire le plaisir d’organiser cette petite sauterie avec un budget avoisinant les 0,90€ par tête.
L’objectif de ce pot de Noël n’est autre que de renforcer l’esprit d’équipe, la bonne blague.
Le grand chef se fendra d’un discours formaté du genre :
« Vous avez bien travaillez cette année, le contexte était difficile, mais vous n’avez rien lâché. Merci à vous, reposez-vous bien pendant les fêtes, l’année prochaine s’annonce très intéressante, avec plein de beaux projets en perspective »
Que vous interprèterez de la sorte :
« Cette année encore on vous a chargé comme des mules, et on ne sait pas bien comment, peut-être par instinct de survie, vous vous en êtes sortis. Ne vous attendez à rien de notre part, à part peut-être encore plus de boulot l’année prochaine. Bah oui, c’est encore la crise – pffffrrrrr. »
Alors forcément, décrit comme ça, on ne peut pas dire que le pot de Noël en entreprise donne envie, on peut donc se poser les questions suivantes :
– faut-il y aller ?
– comment faut-il se comporter ?
Bien que proche en apparence, la problématique n’est pas la même que pour le repas de Noël à la cantine ou il est finalement facile d’aller sans être vu, juste pour profiter d’un repas gratuit.
Le pot de Noël se fait forcément en présence de ses collègues et de ses chefs. Ne pas y aller serait se verrait comme le nez au milieu de la figure et serait une insulte directe ainsi que la preuve d’un profond mépris.
Il faut donc aller au pot de Noël.
La deuxième question est plus complexe. Aller au pot, peut être, mais comment doit-on s’y comporter.
A noter que les conseils que je vais donner sont applicable pour tout type de pot en entreprise.
1 – Choisissez un endroit stratégique
Ce genre de pot ne dure pas forcément longtemps, il vaut mieux choisir un endroit stratégique.
C’est assez simple en fait, il faut réussir à combiner les critères suivants :
– Se mettre à côté de vos collègues les plus « sympas ». Il y en a toujours, et c’est toujours mieux d’être à côté de gens avec lesquels on peut parler sans prise de tête plutôt qu’à côté du lourd qui va vous parler boulot.
– Ne jamais s’éloigner du buffet. Vous comprendrez pourquoi dans le point 2.
– Choisissez un coin près du buffet mais dans un angle mort pour ne pas être dans la ligne de mire des grands chefs.
2 – mangez tout ce que vous pouvez
Pour une fois qu’on vous donne quelque chose, il faut en profiter. Gardez à l’idée que l’argent dépensé pour financer ce pot sera déduit de l’enveloppe des augmentations ou des primes. En gros c’est avec les sous qu’on vous refuse qu’on a acheté ce qui se trouve sur la table, c’est donc à vous, mangez tout ! 🙂
Et c’est pour cette raison très simple qu’il faut être près du buffet.
3 – ne vous murgez pas la gueule
Pourtant, en suivant la logique du 2 l’alcool aussi est à vous.
Sauf qu’aller draguer la secrétaire en étant bourré comme un pollak, c’est un mauvais calcul.
Tout comme aller vomir sur les chaussures de votre chef.
Sur le moment ça peut vous faire marrer comme un bossu, mais croyez-moi, la gueule de bois du lendemain risque de se prolonger aux assedics.
4 – laissez le relationnel à ceux qui ont les dents qui rayent le plancher
Beaucoup de gens vous diront que l’informel est important en entreprise, qu’il faut profiter des petites sauteries de ce genre pour aller parler à vos chefs, pour vous faire voir.
C’est vrai, sauf que c’est un métier à part entière, plus qu’un métier même, c’est un état d’esprit.
Je dirai même que c’est dans les gènes. Certaines personnes sont capables de se mettre systématiquement et en toutes circonstances en avant. « Moi je moi je moi je ». Pour le coup, « moi je » ne peux pas, donc je laisse ma place aux autres, en pendant qu’ils s’usent la langue, moi je mange leur part.
Sur ces formidables conseils, je vous laisse et vous souhaite de bonnes fêtes.
A l’issue d’une bataille décisive des chevau-légers polonais de Kozietulski en Espagne en 1808, on fait défiler devant Napoléon les héroïques survivants de cette unité d’élite. Des généraux français, jaloux et voulant minimiser le rôle des Polonais, indiquaient que ceux-ci étaient ivres. L’Empereur leur répondit : « Alors Messieurs, sachez être saouls comme des Polonais ! »
Piotr> Vive la Pologne! 😉