« T’as pris ton après-midi ? »
« Mais va mourir, peau de truie »
Oui, il m’arrive parfois d’être violent, mais il faut bien qu’ils comprennent que d’une part je fais ce que je veux, et que d’autre part je fais encore plus ce que je veux. 🙂
Les nazes qui restent au boulot juste pour être vue sont plus nombreux qu’on ne le pense, et ce phénomène à tendance à s’amplifier en open space.
Ce qui me fait plaisir, c’est que ce phénomène bien connu en France (mais pas que) tend à montrer ses limites comme l’a si bien souligné cet article.
Les présentéistes ne sont rien de plus que des Jean Foutre, qui restent au boulot dans le seul but d’être vu, et ce indépendamment du travail fait, ou à faire.
Rester pour être vu, espérant une hypothétique promotion, comme si seul comptait le temps de présence, et non pas le travail effectué (qualitatif ou non, c’est un autre sujet). Car c’est bien ce qui se passe, les gens qui osent (sacrilège) partir à des horaires décentes sont systématiquement regardés de travers, moqués, sous le ton de la bonne blague qui fait beaucoup rigoler « t’as pris ton après-midi », mais cela cache un vrai problème. Deux en fait.
Premièrement, Les gens qui restent tard au travail ne sont pas ceux qui bossent le plus, ni le mieux d’ailleurs. J’en connais qui restent jusqu’à pas d’heure, le regard figé sur leur écran, l’air sérieux, pensif, comme si l’avenir de la société dépendait de leur coup de molette ou de leur coup de clic vif et précis.
Ceux-là finissent par confondre les heures de boulot avec les heures de repos, et passent le plus clair de leur temps sur intertruc. Comme ils ont l’air investi dans ce qu’ils font, personne ne leur dit rien, et pourtant… En clair, ils sont là mais n’en foutent pas une. C’est exactement ce que pointe l’étude dont j’ai parlé plus haut.
Deuxièmement, le vrai problème, la raison de tout ça.
Pourquoi doit-on rester plus longtemps que les autres ?
Qu’est-ce qui justifie cela ?
Pourquoi rentrer tard chez soit devrait être la norme ?
Je parle pour moi, pour la simple et bonne raison que je suis la personne que je connais le mieux, j’ai un boulot à faire, un vrai boulot avec des livrables à rendre, des échéances, des indicateurs, du pipo et tout et tout, bref, j’ai du travail.
Ce travail je le fais, je dirai même que j’essaye de le faire bien (et je m’excuse tout de suite auprès de mes fans qui sont persuadés que je passe mes journées à manger et à dormir), mais je le fais dans ce que j’estime être le temps normal de travail. Je suis au taf à 9h du mat’, je ne sors que rarement le midi, je ne fais pas 27 pauses café par jour (pour la simple et bonne raison que je ne bois pas de café en journée ca réveille), et je pars à 18h parce que j’ai une vie en dehors du boulot. Bref, je fais mes heures, mais pas plus.
Je ne vois aucune bonne raison de rester plus longtemps au boulot. La promotion ne venant de toute façon pas avec le nombre d’heures supplémentaires effectuées mais avec une attitude que je me refuse aussi à avoir. Alors quand on ose me dire que je pars tôt, quand il est 18h et qu’il me reste 1h15 de transports en communs pour rentrer chez moi, en général je le prends mal.
Je ne vois pas pourquoi ce serait mieux vu de partir après son chef, pour montrer qu’on reste tard. C’est lui le chef après tout, il peut bien rester jusqu’à 23h, je m’en cogne.
J’entends déjà les réactions « ouais mais moi si je reste tard, c’est pas pour faire de la présence, c’est parce que j’ai du boulot à ne savoir qu’en faire ». A ceux là je dirai bien fait pour vous.
Que ce soit bien clair, il m’est arrivé de bosser tard (très tard même), et je suis même déjà venu travailler les week ends, à l’œil. C’est pas formidable ça. Et en retour j’ai eu droit à … rien.
Même pas un merci.
Donc maintenant je me casse à 18h, boulot fini ou non. S’il n’est pas fini c’est qu’on ne pouvait pas le finir dans le temps imparti, il y avait donc eu une mauvaise planification à la base, ou un retroplanning foireux de plus. Le coupable est donc mon chef, ou son chef, mais pas moi.
Bref, je ne quitte jamais tard, ceux qui restent tard pour être bien vu m’exaspèrent et ceux qui restent tard parce qu‘ils ont du boulot ras la gueule devraient se rebeller.
Et vous ? Z’en pensez quoi ?
Pas mieux 🙂
Il m’arrivait d’arriver beaucoup plus tôt le matin pour vérifier les traitements de nuit, en gros c’est moi qui allumais les lumières. Donc forcément, j’avais envie de partir plus tôt mais traverser un open space à 17h avec son manteau et son sac, faut être en mode ninja pour ne pas se prendre de remarque désobligeante …
Et alors quand en plus t’as bossé le weekend (pour une indemnité qui ne te donne pas envie de sacrifier ton weekend) et que tu te pointes le lundi matin aux aurores pour vérifier que tout marche ET que tu te prends une remarque à la c*n à 17h (parce que tu attends depuis 16h mais tu culpabilises de partir aussi tôt), qu’on ne se demande d’où vient le stress au travail ..
Cela étant dit, plutôt que de piloter au temps passé en mode pointeuse, piloter aux objectifs c’est tout de même mieux du moment qu’ils ont été acceptés des deux côtés. Si le mec il veut partir à 16h qu’il parte à 16h du moment que le boulot est fait. S’il a bien négocié ses objectifs tant mieux pour lui, non ?
Jean-Philippe > je suis pour les objectifs.
Si t’as fini ton boulot tu te casses, quelque soit l’heure. Ou même si tu avais du boulot pour la semaine et que tu le finis en 3 jours, tu te prends 2 jours de congés! Ca ce serait top.
Le problème c’est qu’en entreprise ca ne fonctionne pas comme ça. Si tu finis ton boulot avant c’est limite pas normal, et dans tous les cas tu ne peux pas rentrer chez toi, tu dois en redemander plus, ou re re verifier ce que tu as fait, ou alors tu ne dis rien à personne et tu fais semblant de bisser, ce qui se passe le plus souvent.
Bonjour,
Ce que je pense du présentéisme : C’est un phénomène qui est représentatif de la vie active. La vie active est une machine à isoler les uns des autres, à diviser pour mieux reigner, le présentéisme ou plutôt l’ambition personnelle aidant. Venir chaque jour est de plus en plus difficile car croiser des gens qui prennent n’importe quel prétexte pour mépriser autrui, qui ne prennent la peine de saluer que lorsqu’ils ont besoin d’un service dans leur boulot, ça me rend triste. La vie active et toute cette engeance ambitieuse font perdre de vue l’humanité de la vie en société et cela commence dans les transports ou c’est chacun pour sa pomme, comme sur le lieu de travail. Chaque midi, je ne vais plus à la cantine et je sors en me disant que je peux me sentir plus libre d’aller voir ailleurs si j’y suis. Mais c’est pire chaque jour, j’ai toujours envie d’aller un peu plus loin, comme si l’emprisonnement de la vie active gagnait sur le peu de liberté. J’entends ceux qui diraient : « oui mais t’es pas dans un pays en guerre, quelle chance tu as ! gnagnagna… » Cependant j’ai l’impression que le fait d’être payé, ça donne le droit d’abolir le respect et ça si ce n’est pas la guerre, ça ne reste pas moins inhumain.
A bas le travail salarié et la hiérarchie ! Oui à l’auto-gestion
Pour ma part, le fait d’avoir des gosses avec une nounou a beaucoup aidé.
18h ! Hé oui pas le choix fo aller chercher les enfants…
Avec le temps, on se rend compte que oui, le monde tourne, que les problèmes laissés la veille sont toujours là le lendemain et que la boite n’a pas coulé…
Et même mieux, l’organisation de la boite peut évoluer (qui va changer quoique ce soit quand le boulot est fait même avec des présentéistes qui restent jusqu’à 21h ?).
Annelauret > dès que je me lance dans la revolution, je fais de toi ma porte parole! 😉
Zeseb> la technique du « je dois partir tôt, j’ai mes enfants à aller chercher » est imparable! Ca va faire 8 ans que je l’utilise, un must. 🙂
Merci !
Dans le monde hospitalier, celui que je connais, si tu ne restes pas 15 min de plus avec le sourire, si tu ne réponds pas quand on te rappelle sur tes repos, si tu ne te proposes pas toi même de remplacer l’absent ou décaler tes congés…..
alors que tout ça, finalement, cela doit normalement être prévue par le cadre !
J’ai quitté. Je n’en fait pas moins, mais je n’en fait plus plus (+).
J’ai retrouvé une certaine tranquilité d’esprit, et une vraie vie perso.
Merci encore pour votre billet
Celine>Merci pour ton commentaire.
Je vois que le monde hospitalier est donc proche du monde de l’entreprise, après tout cela n’est pas surprenant, ca reste un business comme un autre, réduire les coût, faire augmenter les profits…
Salut,
Je poste juste ce commentaire parce que je suis étudiante bientôt diplômée et cette situation me fait peur. Je refuse catégoriquement de travailler 70h par semaine. Pourtant, parlant à pas mal de monde ça a l’air d’être un passage obligatoire, que je ne comprends pas.
Je suis actuellement en train de faire un stage et ça me déplore. Comme j’arrive la première, tout le monde s’en fout par contre je pars la première (et tôt, mais que puis-je y faire si j’ai fini le travail à 15h ??), on me fait des réflexions (implicites). Surtout que comme toi, je mets 1h30/2h pour rentrer chez moi. Du coup, on veut me faire faire le travail des autres.
Pendant ce temps là, certains arrivent à 10h, 11h ou même parfois 13h, prennent des pauses café/cigarettes, mais comme ils partent tard et travaillent parfois le week-end, tout va bien.
Tout ça pour dire qu’on vit dans un monde d’apparences. Tu dis qu’on peut refuser mais est-ce si simple ? Par rapport à l’embauche, garder ton emploi… Dans le contexte actuel, pas facile. Merci pour ce texte (et tant pis si j’ai une sale note pour mon stage).
JFM> Je crois que tu as tout résumé en disant « on vit dans un monde d’apparences »… L’important en entreprise n’est pas de savoir faire, mais de faire savoir.
Je suis assez d’accord pour l’analyse sur le présentéisme qui est très pratiqué dans notre pays. Toutefois je note un point qui m’attriste : tu sembles percevoir ton travail comme une punition ou une peine, ce qui veut dire que tu n’y prends aucun plaisir. Et ça c’est dommage.
Je ne compte pas mes heures, je n’ai aucun état d’âme à faire des pauses quand j’en ai besoin, je pars souvent tard, j’arrive couramment tard, je suis le premier à encourager mes collègues à arriver « quand ils arrivent » et à partir « quand ils en ont marre », et je me sens toujours préoccupé par le fait que les gens se sentent bien dans leur boulot.
En fait ça m’importe parce que j’aime mon travail et que pour moi c’est une forme de loisir, alors j’ai toujours du mal quand je vois des gens subir le leur, je me dis qu’il y a tellement de métiers différents que quand on en arrive à faire pile ses heures, c’est qu’on vit son travail comme une peine de prison et qu’il est temps d’en essayer un autre, avec d’autres collègues également pour se débarrasser des « petits chefs » et de ceux qui font les commentaires sur les horaires.
On sera tous amenés à changer de métier plusieurs fois dans notre vie. On voit aussi que souvent les gens à l’approche de la retraite finissent par aimer leur travail, parce qu’au fil des années ils ont trouvé ce qui leur ressemble le plus. C’est dommage pour eux d’avoir attendu d’être contraints de changer, autant prendre les devants.
Bonjour, Je prépare une conférence sur la qualité de vie au travail et j’envisage de parler du présentéisme. M’autoriseriez vous à emprunter votre illustration ? Merci de votre réponse. Cordialement.
Bonjour Anne-Hélène, vous pouvez bien entendu utiliser cette illustration pour votre conférence, merci d’indiquer les crédits ce sera parfait.